Ce devrait être l’Ouest. Finalement, pour des raisons de temps – attirés par les descriptions sauvages aussi, surtout -, ce fut l’Est de la Crète. Île si accueillante ! Dont les beautés sont partout. Mais il faut retenir les passages grandioses de la Vallée de la mort, tout à l’est, entre Zakros et Kato Zakros, que les pluies récentes ont toutefois rendus plus difficiles que les descriptions ordinaires. Ces villages posés au bord de l’eau, tels Kato Zakros justement, ou plus encore Mochlos, dont le charme en cette saison naissante provoque déjà des nostalgies. Ces ruines, à Gournia, à Lato, moins émouvantes pourtant que la petite île abandonnée de Spinalonga, où les lépreux furent envoyés durant un demi-siècle, entre 1900 et 1950, s’organisant, pour y mourir, sur les vestiges d’une forteresse vénitienne. Ces criques, tout à l’extrémité nord-est, qui feraient aimer la plage ! Enfin, ces terres pierreuses, karstiques, dans cet Est où l’on peut rouler, seule ivresse conseillée tant les paysages exaltent, vertu du voyage, vin pour les yeux, poésie rude qui a laissé le meilleur souvenir de cette semaine. Joie d’y être, d’y goûter l’âpre retsina, vin résiné comme le nom l’indique sûrement, le metaxa plein d’arômes, les herbes qui parfument l’air et les plats. Sentiment étrange à propos d’un voyage : on dirait qu’il faudrait tout dire ! Car il y eut tout, oui. La Crète fut au milieu du chemin – et celui-ci on voudrait le reprendre.
Grenade, au milieu du chemin
On aurait sans doute aimé intituler ce site « L’Andalousie au milieu du chemin ». Mais il n’y eut pas Séville, il n’y eut pas Cordoue. Il n’y eut pas tant de choses… Mais il y a eu Grenade ! et sa douceur de vivre, qui fait envie, et l’Alhambra, qui est le plus beau palais qu’on eut jamais vu. Puis des beautés alentour, Ubeda, Baeza, Alcala la Real, Frigiliana, jusqu’aux montagnes des Alpujarras, dont les cimes enneigées furent un horizon qu’on n’a pas conquis, cette fois du moins. Et même un bout de mer, avant de repartir, qui offrit des teintes pourpre et rose, où trempaient des avions. Alors, il serait prétentieux de dire qu’on a vu l’Andalousie – comme il est prétentieux de dire qu’on a vu Grenade ; mais enfin, il y en avait des morceaux qu’on a gardés, laissés par le fracas des danseurs de flamenco, et qui étaient là, attendant d’être ramassés, tout juste au milieu du chemin.
Sylvain Zorzin.
Photos prises avec un Pentax MX-1.
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